L’humain, comme le cheval, possède un instinct de fuite lorsqu’il est sous l’effet du stress. Mais les chevaux peuvent nous en apprendre beaucoup sur la fuite instinctive et la gestion de la peur et du stress au quotidien.
Avez-vous déjà vu des chevaux avoir peur au milieu d’un champ? Peut-être ont-ils entendu un bruit effrayant, quelque chose d’aussi anodin que le craquement d’une branche d’arbre à 20 mètres de la clôture. Peu importe la cause, il s’agit d’une source de stress pour eux. Et c’est fou à quel point les chevaux se sentent stressés facilement!
Savez-vous à qui cela me fait penser? À l’être humain. Il nous arrive aussi de nous inquiéter au sujet de situations sans danger au point d’en faire de l’angoisse, que ce soit pour une réunion imprévue, un examen important ou une discussion difficile avec un proche. Mais dans le cas de cette branche près du pâturage? Les chances qu’elle ait craqué sous le pied d’un prédateur sont minces (nous en sommes conscients, même si ce n’est pas aussi clair pour les chevaux). Et cette réunion, cet examen? Malgré vos inquiétudes, il y a fort à parier que vous allez vous en sortir sain et sauf!
Et pourtant, nous ressentons tous cette crainte instinctive face à ce genre de situations.
Les chevaux, effrayés et sous l’effet de l’adrénaline et de la cortisone, risquent de galoper frénétiquement jusqu’à l’autre bout du pâturage. Chez l’humain, une personne stressée peut se tordre les mains, parler plus rapidement, se refermer sur elle-même, perdre l’appétit, trop manger, mal dormir ou s’inventer des histoires au sujet de la réunion ou de l’examen qui l’attend. Cette appréhension peut durer des jours, voire des semaines.
Et pendant que nous nous inquiétons au point de nuire à notre santé physique et mentale, les chevaux ont depuis longtemps retrouvé leur calme. Ils ont fini de courir et, du même coup, d’évacuer leur stress. Ils ont regardé en arrière pour voir s’il y avait du danger. Ils ont bruyamment expiré beaucoup d’air par leurs narines en direction de ce qui leur a fait peur. Ils ont redressé leurs oreilles quelques secondes et n’ont entendu aucun autre son effrayant.
Et ils se sont ensuite détendus.
Les voilà revenus au moment présent, juste comme ça. Ils broutent, soufflent doucement du nez, balancent leur queue aux mouches et traversent tranquillement le pâturage, leur respiration calme.
Ils n’ont plus rien à craindre. Ils ont surmonté leur peur.
Pendant ce temps, notre personne stressée s’imagine encore tous les malheurs qui pourraient lui arriver. Incapable de combattre sa peur, elle laisse cette dernière prendre toute la place.
C’est à se demander comment nous avons pu survivre en tant qu’espèce, à force d’accumuler toute cette angoisse au point où nous appréhendons l’avenir!
Il serait impossible aux chevaux de vivre rongés par la peur. Ils partagent certes notre instinct de fuite, mais contrairement à nous, ils ont appris à laisser leur frayeur dans le passé. Sans cela, le stress chronique, la fatigue, les ulcères et les carences en nutriments entraînées par un refus de boire ou de manger les auraient achevés depuis longtemps. Ils auraient succombé non pas aux prédateurs, mais à leur peur des prédateurs!
Les chevaux ont appris à surmonter leur peur et à vivre pour le moment présent.
Ce n’est manifestement pas le cas de l’être humain. Alors que les chevaux ne font que réagir à leur environnement, nous nous empêtrons dans notre frayeur! À défaut d’avoir peur de quelque chose de concret, nous nous inventons des histoires. Au final, nous devons notre survie en tant qu’espèce à nos nombreux talents, mais côté gestion du stress, nous avons des croûtes à manger! C’est pourquoi il nous arrive de nous demander comment nous allons nous en sortir au jour le jour.
Nous avons donc beaucoup à apprendre des chevaux et de leur gestion de la peur. Lorsque nous avons des papillons dans l’estomac, notre réaction devrait être de maîtriser notre frayeur, comme les chevaux.
Nous avons tout à gagner d’apprendre à transformer notre peur en excitation; une émotion semblable, mais plus gérable. Ce faisant, nous pouvons tourner cette excitation en exercices physiques ou mentaux afin de dépenser notre énergie.
Et ensuite? Nous pouvons prendre du recul, reprendre notre souffle et revenir au moment présent.
Il sera ainsi plus facile d’aller de l’avant avec assurance, de nous concentrer sur ce que nous savons faire et ce qui nous apaise en sachant que nous n’avons rien à craindre en ce moment. Et que si nous entendons un autre craquement de branche, nous pourrons de nouveau nous en éloigner, tout simplement.